chris potter

chris_potter.jpg
 
 

Interview Chris Potter - 12/12/2001

-  Bonjour Chris ! Comment ça va ?

-  Bien, très bien !

-  Tu jouais hier soir au New Morning...

-  Oui, oui....

-  C’était très beau, avec Steve Swallow et le batteur...

-  Neusbaum !

-  Ca fait déjà quatre ans que tu joues avec Steve...

-  Euh.... En fait je crois que j’ai d’abord joué avec Steve dans le groupe de Paul Motian. Il y a à peu près quatre ans, on a fait une tournée, et puis on a recommencé deux ans plus tard. Et là, c’est le troisième..... Donc en fait on fait une tournée tous les deux ans en quelque sorte !

-  Commedebonsamis....!!!!

-  Oui oui !

-  J’aimerais savoir ce que tu ressens de particulier dans cette formation, c’est assez rare de jouer sans piano ou sans guitare, sans support harmonique.... Quel genre de liberté ça peut donner ?

-  C’est exactement ça en fait ! Ca donne plus de liberté, et plus de responsabilité en quelque sorte... Moins il y a de musiciens sur scène, plus chaque personne doit...

-  S’investir ?

-  Oui, plus chacun doit s’impliquer dans la musique... C’est vraiment un plaisir pour moi.... d'avoir autant d'espace. Et sur le plan harmonique aussi, ça me permet de modifier ce que je veux, de jouer ce que je veux, sans... très différemment de ce que ferait un pianiste par exemple.... Et la manière de composer de Steve aussi, sa musique a un son particulier.

-  Il joue souvent des accords aussi...

-  Oui, il est capable de faire différentes choses, à la manière d’un contrebassiste.... Il vient vraiment de là. Je veux dire qu’il y a très peu de

bassistes électriques comme lui, parce qu’il pense beaucoup à la manière d’un contrebassiste, et bien sûr il a participé à énormément de disques magnifiques en tant que contrebassiste... Il a joué de la contrebasse pendant vingt ou trente ans ! Et cet instrument correspond complètement à son concept, en fait. Il peut jouer des walking bass qui d’habitude ne marchent pas à la basse électrique, mais lui il les fait marcher ! Et puis.... Euh, le son est plus compact à la basse électrique...... Il peut jouer plus dans l’aigu. Comme il joue une cinq cordes... Donc il peut jouer plus haut, des lignes et des accords un peu comme sur une guitare...

-  A propos de ton dernier album, en hommage à tes différents maîtres... Tu te rappelles la composition dédiée à Eddie Harris... Je crois que c’est le titre phare du disque...

-  Ah vraiment ? OK !

-  Qu’est-ce qui t’as inspiré pour écrire ce morceau ?

-  En fait, c’est un peu la manière que Eddie Harris avait d’incorporer le langage du Funk et du Blues dans le jazz. C’était vraiment un musicien extraordinaire, qui est sous-estimé selon moi... Tu connais les morceaux comme « Freedom jazz dance » ! Le premier morceau est comme ça, il y a un « vamp »... Avec pratiquement que des croches... Presque comme dans la

composition « Bou Bou’s Birthday ».

-  Oui.

-  Et c’est précisément à ce morceau-là que je pensais quand j’ai écrit ce titre. Parce que la manière dont ce morceau est écrit, c’est un court motif, et puis ensuite quelques mesures où la rythmique joue toute seule... Et c’est un peu comme ça que j’ai écrit « High noon »... Les structures sont similaires.

-  Et pour les harmonies ?

-  Au niveau de l’harmonie, quand on arrive aux solos, c’est juste le vamp qui revient... Il n’y a qu’un seul accord, comme c’est aussi le cas pour Freedom Jazz Dance...

-  Ca donne un peu l’impression d’être dans un labyrinthe...

-  Oui, en fait, la ligne de basse est plus compliquée, et puis ce n’est pas une mesure à 4/4, c’est, euh, je ne sais pas trop !

-  Toimêmetunesaispas?!!

-  Au bout d’un moment j’oublie... Je pourrais te le retrouver là, mais je n’y pense plus...

-  C’est drôle... Mais c’est vraiment un très très beau morceau ! ! ! !

-  Merci

-  Quand tu as commencé à jouer de la musique... Pourquoi est-ce que tu as choisi le saxophone ?

-  Hum, en fait, quand j’avais 8 ou 9 ans, j’avais un petit clavier et une guitare électrique. J’étais un super fan des Beatles... Et la musique qui m’a attiré en premier, qui m’a donné envie de jouer, c’était les Beatles... Et puis ensuite, j’ai découvert le jazz parce que dans la famille, on avait quelques disques de jazz qui traînaient... Il y avait « Workin’ » du quintet de Miles Davis, et « Steamin’ ». Donc j’ai entendu ça, et aussi « Time Out »... des supers disques. Donc en fait ça venait de la discothèque familiale, et j’ai fait « Waouw ! C"est ça que j"ai envie de faire ! » et j’ai été voir mes parents : « S"il vous plait, donnez-moi un saxophone ! ! ! ! »

-  Parce que tu avais entendu du saxophone sur les disques !

-  Oui, oui ! Donc j’ai eu un sax quand j’avais 10 ou 11 ans, et j’ai adoré dès le départ !

-  Tu as commencé par l’alto ?

-  Oui, j’ai commencé sur un alto, c’est ça. Et c’était un truc que j’adorais, apprendre encore et encore, m’investir de plus en plus. Je crois que j’ai commencé à jouer, à donner des concerts à... en Caro du Sud qui est mon pays natal...

-  Oùça?

-  EnCarolineduSud,dansleSud!!!!J’ai commencé à jouer professionellement quand j’avais euh... quatorze ans...

-  Quatorze ans ?

-  Treize ou quatorze ans... Peut-être même avant, mais bon, autour de quatorze ans !

-  Waow!!!!

-  En fait je jouais dans les clubs du coin quand j’avais quatorze-quinze ans... Ce n’était pas du tout une grosse scène pour le jazz, mais il y avait quelques concerts, et il y avait quelques musiciens vraiment excellents qui m’ont énormément aidé à démarrer.

-  Et ensuite tu es parti pour New-York ?

-  Oui, après le lycée, j’ai déménagé pour New- York en 1989 pour étudier là-bas. J’ai été à la New School pendant un an, j’ai été à la Manhattan School quelques années, j’ai eu mon diplôme... Mais à la même époque, je tournais aussi avec Red Ronney, et c’était peut-être même plus instructif que d’aller à l’école !

-  Oui bien sûr ! ! !

-  Et ces temps-ci, ces derniers mois, qu’est-ce que tu écoutes ? Quand tu es chez toi et que tu veux écouter de la bonne musique, qu’est-ce que tu mets ?

-  Hum, plein de trucs... En touc cas, pas que du jazz ! Pendant cette tournée, qu’est-ce que j’ai bien pu écouter ? Il y a un concerto pour violon de Bhrams, un autre de Berg. Je ne connaissais que celui de Berg et j’ai découvert celui de Bhrams, que j’adore... .... ... J’ai aussi acheté quelques CD sur la route... J’ai acheté le dernier album de Jao Gilberto, un très beau disque où il chante et joue de la guitare, c’est de la musique brésilienne... Je suis aussi sensible à ce genre de musique.

-  Mais la musique classique est très importante pour toi, non ?

-  Ouais... En fait ça marche par phases, quand j’écoute certains trucs... Pendant un temps, j’ai énormément écouté de classique. Comme je passe par différentes phases, pendant un moment j’étudie un truc précis... et puis ensuite j’écoute énormément de musique pop’, et puis...

-  Retour sur les Beatles !

-  Oui, je réécoute les Beatles ! Mais oui, Steve Wonder.... En fait, il y a plein de musiques que j’aime... Et ça m’intéresse aussi de découvrir de nouvelles choses qui se passent en ce moment, par exemple sur la scène du Hip Hop, tu vois...

-  Super ! Hé bien, Chris, on espère te revoir bientôt et on te souhaite plein plein de bonnes choses !

-  Merci ! Merci ! A toi aussi...